mercredi 28 septembre 2011

Et si Kadhafi avait gagné la guerre ? (3/5)

Une défection. Un coup dur pour le colonel Kadhafi. Le traître devait être certainement courant de certaines exactions loyalistes. Peut-être même en détenait-il des preuves tangibles (documents signés, vidéos etc.). Voilà qui allait conforter les arguments des va-t’en-guerre de l’hexagone. La résolution onusienne s’imposerait d’elle-même. Les russes et les chinois ne cherchaient qu’un prétexte pour suspendre leur opposition. La messe serait dite.

Seuls quelques militaires et hauts-gradés connaissaient la position exacte des trois bateaux en fuite. Ils se trouvaient à 37°77’ N et 11°19’ E. Au beau milieu de la ligne géométrique croisant Bizerte et Marsala. On leur avait initialement prescrit de s’arrêter aux abords de Lampedusa, à l’extrême sud des eaux territoriales italiennes. C’est ce qu’ils avaient faits. Puis, ils avaient soudainement repris leur marche. Ils prétextaient un danger imminent. Leurs messages demeuraient confus. Il semblerait qu’un sous-marin loyaliste les suivait avec pour ferme intention de les couler. Tant qu’ils conservaient une vitesse de croisière supérieure à 25 nœud par heure, ils restaient hors de portée.

Les autorités françaises étaient pressés d’entrer en contact direct. Un rendez-vous avait été fixé à 38°35 N et 9°99’ E. Une corvette se trouvait déjà sur place. Cette procédure s’avérait assez malcommode. A défaut, l’on avait également proposé un mouillage en Sicile. Les dissidents avaient fait montre d’une certaine réticence. Ils se méfiaient de l’Italie. Dépendante de la Libye pour ses importations pétrolières, celle-ci ne reconnaissait que le gouvernement loyaliste : la Libye-de-l’est restait invisible sur les cartes transalpines. Les autorités se montreraient certainement coopératives mais l’on pouvait toujours craindre d’hypothétiques infiltrations. Après tout, certaines mafias avaient bien diversifié leurs activités dans le pétrole africain…

L’équipée rebelle parvint au rendez-vous avec une légère avance (midi moins dix au lieu de midi cinq). On dépêcha un groupe de contact comprenant deux officiels, cinq militaires, un interprète et un aviateur libyen qui avait lui-même fait défection au début de mars. La corvette baignait à proximité, bientôt rejointe par deux ou trois bâtiments anglais, chargé d’assurer la sécurité de l’entrevue. L’on ne remarqua aucun sous-marin. Il n’était même pas certain après tout qu’ils existassent. Sous l’emprise mêlée de la peur et de la propagande les dissidents avaient probablement fui des poursuivants imaginaires.

L’entrevue dura près d’une heure. Elle était presque achevée lorsque des explosions se firent entendre un peu partout…

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